Le secteur français de la recherche biomédicale a salué la publication des statistiques complètes, provenant de toute l’Union Européenne, dont la France, sur toutes les utilisations des animaux dans la recherche scientifique, médicale et vétérinaire pour 2018.

Les chiffres phares du rapport de la Commission européenne montrent que le nombre total d’animaux utilisés dans l’UE en 2018 était de 8 921 758 – légèrement inférieur à celui de 2017 (9 388 162). En 2018, 88 % de ces animaux étaient des souris, des poissons et des rats, tandis que les chiens, les chats et les singes représentaient environ 0,3 % du total – pour la première fois, ces pourcentages incluaient les données de la Norvège. L’ensemble des animaux rapportés étaient utilisés en recherche fondamentale et appliquée, mais aussi dans des études réglementaires visant à assurer la sécurité des médicaments et d’autres produits, la production de routine de médicaments et autres et la formation.

Les statistiques de l’UE publiées incluent également l’utilisation des animaux en France en 2018, bien qu’elles aient été remplacées par la publication nationale des statistiques en 2019. Selon les statistiques de l’UE, les animaux les plus utilisés en France en 2018 étaient les souris, les rats et les poissons, qui représentaient 85 % du total – les chiens, les chats et les singes représentaient 0,15 % (voir aussi l’étude de cas et les notes ci-dessous).

Le secteur biomédical français a confirmé son engagement d’ouverture, en début d’année, lorsque 30 institutions et organisations ont signé la Charte de Transparence sur le recours aux animaux à des fins scientifiques et réglementaires, afin de communiquer de manière plus ouverte sur l’utilisation des animaux dans ces domaines.

Les chiens peuvent être utilisés pour tester de nouveaux médicaments avant que les essais cliniques ne soient menés chez l’homme, tandis que les singes sont également utilisés dans les tests de nouveaux médicaments et ont joué un rôle important dans la recherche sur le sida et le développement de traitements contre la maladie de Parkinson, ainsi que pour la mise au point du vaccin Covid-19 pendant la pandémie.

Le directeur exécutif de EARA, Kirk Leech, a déclaré : « Cette année, nous avons vu la contribution vitale que la recherche utilisant des animaux a apportée pendant la pandémie de Covid-19. À une époque de pression croissante des militants sur la Commission européenne pour qu’elle mette immédiatement un terme à l’utilisation des animaux en recherche, ces statistiques annuelles démontrent l’engagement du secteur biomédical à être ouvert et transparent sur le travail important qu’il accomplit ».

Des chiffres distincts ont également été publiés pour indiquer le nombre d’animaux utilisés pour la création et le maintien de lignées d’animaux génétiquement modifiés : dans l’UE-28 (Norvège inclus) en 2018, il était de 1 520 791 (en 2017, le chiffre pour l’UE-28 était de – 1 276 587).

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Étude de cas – Redonner la vision aux patients avec l’utilisation de singes

Des chercheurs de l’Institut de la Vision de Paris, en France, ont permis de nouvelles avancées révolutionnaires avec une thérapie potentielle afin de restaurer la vue chez l’homme.

Bien que des dispositifs médicaux stimulant la rétine puissent restaurer une partie de la vision, les patients ne sont toujours pas capables de reconnaître les visages ou de se déplacer de manière autonome.

Pour obtenir une perception visuelle plus nette, l’équipe a développé chez des singes une thérapie optogénétique – une technique qui implique l’utilisation de la lumière pour contrôler les cellules du cerveau.

Ces résultats jettent les bases d’un essai clinique en cours pour la restauration de la vision chez des patients humains atteints d’une maladie génétique des yeux provoquant une perte de vision appelée rétinite pigmentaire.

Auparavant, les scientifiques de l’Institut ont développé un dispositif rétinien, qui a été testé sur des singes, avant les essais cliniques actuellement en cours chez des patients atteints de dégénérescence maculaire liée à l’âge.

« L’étude sur des singes a permis l’Institut de la Vision de créer une thérapie optogénétique efficace qui pourrait avoir un impact positif chez les patients souffrant de certains types de cécité. »

Serge Picaud, directeur de recherche à l’Institut de la Vision, Paris, France

Notes

L’utilisation de l’animal à des fins scientifiques est strictement réglementée par la directive européenne 2010/63. Chaque procédure, du simple test sanguin à la chirurgie majeure, nécessite des autorisations des personnes, des établissements et des projets, ainsi que l’approbation par des organismes/structures en charge du bien-être animal et de l’examen éthique.

Toutes les organisations se sont engagées à respecter les « 3R » de remplacement, de réduction et de raffinement. Cela signifie éviter ou remplacer l’utilisation d’animaux dans la mesure du possible ; minimiser le nombre d’animaux utilisés par expérience et optimiser les procédures expérimentales dans un souci d’amélioration du bien-être animal. Cependant, à mesure que les institutions se développent et mènent plus de recherches, le nombre total d’animaux utilisés peut augmenter même si moins d’animaux sont utilisés par étude.

Depuis 2013, il est illégal de vendre ou d’importer des cosmétiques partout dans l’UE si le produit fini ou ses ingrédients ont été testés sur des animaux.

La plupart des médicaments disponibles proviennent de la recherche animale. Souvent, la science n’a pas besoin d’utiliser des animaux, mais pour de nombreuses questions clés, ils demeurent cruciaux. Les animaux sont utilisés aux côtés de plusieurs autres techniques telles que les cultures cellulaires, les études sur l’homme et les modèles informatiques. Ces méthodes sont utilisées – souvent en tandem – pour répondre aux questions biologiques clés nécessaires pour comprendre et traiter la maladie. Avant de sélectionner un modèle animal, les chercheurs doivent démontrer que les connaissances n’ont pas pu être acquises par des méthodes non animales.